Luba/Hemba, Figure de maternité, rivière Lukunga, République démocratique du Congo et Zambie

Les splendides réalisations artistiques des Luba sont dues à un heureux mélange d'éléments raciaux et culturels différents, et au haut niveau d'exigence de la cour. L'art luba compte parmi les plus raffinés d'Afrique. Les artistes occupaient une place privilégiée dans la hiérarchie. L'artiste luba portait une hache cérémonielle sur l'épaule, symbole de prestige et de dignité. Certains apprentis étaient recrutés parmi les difformes, incapables de chasser ou de se battre et que l'on croyait étroitement liés à la magie. Parmi les caractéristiques de la sculpture luba, on peut citer : une coiffure complexe, souvent en forme de croix ou tombant en cascade ; une bande diagonale rainurée séparant la ligne des cheveux du front ; des yeux en forme de grains de café ; de petites « oreilles de chat » simplifiées ; des cicatrices ornementales en relief sur le corps ; une surface minutieusement travaillée et polie. Les sculptures traditionnelles sont destinées aux cultes des ancêtres et des esprits, à l'initiation, à la médecine et à la divination. Le thème favori en sculpture était la femme, car, selon le mythe luba, vilie était le premier esprit féminin, fondatrice du clan et garante de la fertilité et de la lignée. Les femmes étaient les gardiennes du culte, et les épouses royales jouaient un rôle important : envoyées comme émissaires auprès des chefs des ethnies voisines, elles concluaient des alliances politiques fructueuses fondées sur le mariage. Certaines figures sont debout, presque toujours en position frontale, souvent les mains sur la poitrine ; d'autres sont agenouillées, assises ou debout, leurs mains levées servant de supports à des bols, des sièges et des appuis-tête. Ces figures sont souvent caractérisées par des scarifications élaborées sur le corps. Le devin, peint en blanc, utilisait le mboko, une figure féminine assise ou accroupie tenant un bol imprégné de kaolin. Il la secouait et analysait la position des différents objets contenus dans le bol. Lors du rituel de guérison, le sorcier utilisait la kabila, ou fille de l'esprit, composée d'une figure et d'un réceptacle, également placés à l'entrée de la maison lors de l'accouchement. Les figures féminines sont modelées dans des formes arrondies et présentent ce que l'on appelle le dodu, c'est-à-dire une tendance stylistique à la rondeur. Un sous-style luba bien connu est appelé le « style au visage allongé » de Buli. Il contraste fortement avec la rondeur des autres figures luba. Les visages sont allongés, avec des traits anguleux et élégants. De nombreuses statues luba portent également des ingrédients magiques sur le sommet de la tête. Parmi les différents types de masques utilisés par les Luba, l'un des plus connus est le kifwebe, un masque orné de rainures parallèles blanchies sur un fond sombre. Les masques kifwebe, utilisés par la société secrète du même nom, sont originaires de ce territoire. Les Luba attribuent son origine à trois esprits, sortis d'un fossé près d'un lac. L'esprit féminin, attiré par les humains, est allé vivre parmi eux. Les deux esprits masculins sont restés dans la brousse, mais ont visité le village où ils ont ébloui les habitants par leurs danses, au point que les hommes ont supplié d'être initiés. Ces masques distinctifs varient considérablement, mais se caractérisent généralement par des motifs linéaires sur tout le visage. Ils étaient portés avec un costume en raphia. Dansés par couples homme/femme et représentant les esprits, les kifwebe relient ce monde à celui des esprits. Ils sont utilisés pour marquer des périodes importantes de transition et de transformation sociale, apparaissant à la mort d'un chef ou de toute autre personnalité éminente, ou lorsqu'une personne accède à un titre politique important. Portés la nuit de la nouvelle lune, ils sont également interprétés en l'honneur des ancêtres. On leur attribue également des vertus curatives.